mardi 9 mars 2010

1995 : LE NON DE PARIZEAU AUX NORDIQUES A-T-IL CHANGÉ LE DESTIN DU QUÉBEC ?


Peu de temps avant le référendum de 1995 sur la souveraineté du Québec, le Premier Ministre du Canada, Jean Chrétien, avait réuni son cabinet à Ottawa pour faire le point sur le rapport de force entre les tenants du "oui" et ceux du "non". Les sondages des fédéralistes et les "pointages" des souverainistes concordaient et établissaient le "oui" gagnant, par une marge pas très confortable, mais sans équivoque. Pour Chrétien, l'ancien lieutenant de Pierre E. Trudeau, un vétéran qui connaissait le "tabac" ou la "game", qui avait livré tant de combats électoraux, qui était toujours confiant de vaincre ses adversaires, qui était en quelque sorte un "vieux singe" à qui on n'avait pas à apprendre à faire des grimaces, le Canada était foutu... La perspective atroce d'être celui qui serait pointé du doigt par les historiens pour avoir été "le" principal responsable de la "cassure" du pays rendait le p'tit gars de Shawinigan malheureux au plus haut point. Ce jour-là, ses ministres assistèrent à une scène qu'ils ne croyaient pas possible de la part du combatif et énergique leader canadien. Désespéré, désemparé, leur chef fondit en larmes devant leurs yeux effarés... Tout semblait perdu pour le camp du "non"...

On connaît la suite des événements : le "non" gagna pas une très faible majorité. Il aurait suffit que 25 000 personnes changent leur vote pour que la victoire bascule dans le camp du "oui", pavant ainsi la voie à la séparation du Québec d'avec le Canada. Le Premier Ministre du Québec, Jacques Parizeau, imputa la défaite de ses troupes à "l'argent et au vote ethnique". Faisant le post mortem de la campagne référendaire après l'analyse approfondie de tous les résultats, les stratèges péquistes découvrirent cependant la véritable cause de l'échec imprévu de cette lutte serrée. Que le vote ethnique soit allé du côté du "non", il n'y avait guère de surprise là-dedans. C'était acquis, cela allait de soi. Le désenchantement venait plutôt de la majorité plus courte que prévue du "oui" dans le bastion francophone de Québec, la Capitale Nationale. Contrairement à tous les sondages pré-référendaires, le vote des Québécois pour le "oui" ne fut pas assez vigoureux et constitua en fait, le facteur décisif dans la sauvegarde du Canada.

De là la question cruciale qui a changé le destin de tout un peuple : qu'est-ce qui s'est passé à Québec pour que la population modifie son vote ? Un étudiant de l'Université Laval, en histoire, propose une réponse assez étonnante mais difficile à prouver. Steve Lasorsa, un montréalais de 25 ans, partisan avoué du Canadien de Montréal, prétend en effet que, quelques mois avant le référendum, le refus du gouvernement Parizeau d'aider financièrement les Nordiques de Québec à sauver leur franchise, (ce qui a causé leur déménagement au Colorado), a pu avoir un effet sur les résultats de l'importante consultation populaire d'octobre 1995. Lasorsa écrit son mémoire de maîtrise sur la rivalité Canadien/Nordiques qui a enflammé le Québec de 1979 (juste avant le 1er référendum sur la souveraineté du Québec) à 1995 (au moment du deuxième référendum).


Entre ces deux dates "historiques" les souverainistes en étaient venus à sympathiser avec l'équipe de hockey de Québec, non seulement à cause de son bel uniforme fleurdelysé, mais parce que, contrairement au Canadien, identifié à l'establishment anglais des Molson, les Nordiques affichaient un "visage" beaucoup plus francophone dans leurs valeurs, dans leur direction et dans le nombre plus élevé de joueurs québécois. Pour résumer à outrance leur vision, c'était les "rouges" britanniques (CH) contre les "bleus" de la mère patrie. Est-ce qu'il se peut qu'un assez grand nombre de souverainistes "nordiques", déçus de l'abandon du club de Québec par le très montréalais gouvernement Parizeau, aient décidé de se venger en votant pour le "non" ou en s'abstenant de choisir le camp du "oui" lors du référendum qui survenait presque en même temps que la perte de leur club de hockey favori ? Sachant l'importance que l'on accorde ici au hockey, ce n'est pas une thèse impossible. Cela expliquerait peut-être aussi partiellement le fameux "mystère Québec". Depuis 1995, en effet, les péquistes n'ont plus la faveur des électeurs de la vieille capitale... Selon l'élève Lasorsa :

«Il faut se souvenir que les gens de Québec ont voté moins fort pour le OUI que le Parti Québécois ne l'avait prévu et que, quelques mois avant le référendum, Marcel Aubut avait essuyé un refus après avoir demandé l'aide du premier ministre péquiste Jacques Parizeau pour sauver les Nordiques. Si M. Parizeau avait sauvé les Nordiques, ça aurait sûrement envoyé un message puissant et, qui sait, le résultat du référendum aurait peut-être été différent !»

Il est facile et amusant de faire des suppositions et de tenter de réécrire l'Histoire. Mais c'est également assez futile. Qui sait si ce qu'avance Lasorsa est vraiment raisonnable ? Cela a au moins le mérite d'être passionnant. Le départ des Nordiques a-t-il changé le destin d'un peuple ? Difficile à dire... Chose certaine, les vrais partisans des Fleurdelysés, eux, n'ont pas changé : ils ont toujours le torCHon dans le cul... À jamais !

1 commentaire:

Anonyme a dit...

J'étais très sympathique & voté OUI en Octobre 1995 mais si Jacques Parizeau aurait poussé la puck + pour la cause des Nordiques il aurait ménagé la susceptibilité s'allier les électeurs de la région de Québec, pouvoir remporter le Référendum sur la Souvraineté du Québec. Sa lâcheté son indolence avant le départ vers le Colorado lui a nuit.[sic] C'est + facile de préserver ce que l'on que de se racheter après.